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> Faits Divers > En Saône-et-Loire
26/03/2024 03:17
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LE CREUSOT : Elle avait alpagué un homme à 4 heures du matin... Elle va encore dormir à la prison pour femmes de Dijon

Même si elle s'est montrée sage à l'audience, elle avait été redoutablement crapuleuse, avec une arme et avec un complice,  en ciblant un jeune homme de 25 ans.
En juillet 2020 au Creusot, un homme quitte son poste de travail à 4 heures du matin et se fait alpaguer par une femme alors qu’il passe vers le foyer du Pont. Une heure plus tard la police est chez lui : il est choqué, et ses clés de voiture ainsi qu’un pistoler à blanc ont disparu.

Les faits
C’est un homme alors âgé de 25 ans. A proximité du foyer, peu après 4 heures du matin, une femme lui fait signe : elle a besoin qu’il lui prête son téléphone pour appeler. Il n’a pas son portable avec lui. Elle s’installe dans la voiture, « « sans gêne ».

Une fois chez lui, elle ne veut plus appeler de taxi mais un blablacar, plus tard, pour se rendre à Montceau. Elle boit de l’eau, demande à manger quelque chose, puis finalement prend le portable et sort téléphoner. Quelques minutes plus tard débarque un immense type.
« Je suis le taxi. » Vu la dégaine du gars, le jeune homme ne le croit pas mais lui sert néanmoins un verre d’eau. Puis la fille veut aller à Montceau mais pas avec le grand type. Le jeune homme refuse de l’y conduire, elle sort un couteau et le menace. Il est pris de panique, se précipite dehors, crie. Les deux autres se barrent.

Condamnée en son absence, elle fait opposition au jugement
Des prélèvements d’ADN sur la bouteille que la femme a touchée et sur le gobelet dans lequel l’homme a bu, livreront leurs identités. Le 10 novembre 2023, ils sont jugés et condamnés à 3 ans de prison ferme chacun. La femme est absente, le tribunal décerne un mandat d’arrêt, mais on ne la trouve pas.
Mi-février elle est placée en garde à vue pour conduite sous l’empire de l’alcool : le mandat d’arrêt est exécuté. On lui notifie le jugement, elle fait opposition et part en détention provisoire. Elle n’avait pas été avisée de la première audience. Elle est donc jugée, en sa présence, ce lundi 25 mars 2024, par le tribunal correctionnel en formation collégiale (trois juges).

Tout est sage dans sa mise, à l’audience
La présidente Verger l’observe : à voir la prévenue on l’imagine mal en situation. C’est que tout est sage dans sa mise, à l’audience. Visage net, des lunettes, les cheveux sagement coiffés en arrière, un pull en V sans manches enfilé sur un chemisier au col qu’on devine net lui aussi. Sage, alors que son casier judiciaire compte 12 condamnations, et elle n’a que 30 ans. Son profil ? La drogue, la toxicomanie, mais aussi les violences, les vols, les outrages, etc. Et trois mesures de mise à l’épreuve, toutes trois révoquées, « ce qui fait beaucoup » dit la présidente.

Un plan minable et crapuleux
Alors la prévenue s’explique, explique. « Les mauvaises fréquentations, la drogue », ce plan minable et crapuleux la nuit du 1er juillet 2020 avec un homme dont elle dit avoir eu un peu peur et en être dépendante en raison de sa dépendance aux produits stupéfiants. Certes, mais cette agression de nuit, à deux, d’un homme seul, avec la menace d’un couteau ?
« C’est très mal. Je regrette vraiment ce qui s’est passé. C’était une période où tout allait mal. J’avais des problèmes familiaux et je consommais pas mal d’alcool. » Pourquoi viser ce jeune homme en particulier ? « Ça aurait pu être quelqu’un d’autre, X (le co-auteur) avait plusieurs idées. »

« 3 ans, pour là où je veux aller, c’est un peu trop, quand même »
« Comment expliquez-vous votre parcours ? » lui demande la présidente. La prévenue semble étranglée et ne dit rien. Puis : « Avec mon nouveau compagnon, depuis deux ans, j’ai repris ma vie en main. J’ai un logement, j’ai arrêté la drogue, je prends de la méthadone. »
Son avocat le plaidera : changement de secteur géographique, sortie de la toxicomanie, projet pour travailler (interrompu par cette garde à vue qui tombait à pic pour lui faire part de sa condamnation à trois ans ferme).
La femme conclut : « Je ne minimise pas la gravité des faits que j’ai commis, mais 3 ans, pour là où je veux aller, c’est un peu trop, quand même. »

« Elle baignait dans un monde violent, puisque c’est ça que le monde des stupéfiants génère »
Alexandre Marey, substitut du procureur, veut bien croire qu’elle se soit laissé entraîner, « mais ça ne justifie en rien ses agissements ». Tout bien pesé, il requiert la peine de 3 ans de prison dont 1 an serait assorti d’un sursis probatoire pendant 2 ans.

Maître Duquennoy est bien d’accord avec le principe d’une peine mixte, aimerait que le tribunal diminue le quantum de la partie ferme, sur la foi du positionnement de la femme à l’audience, de ses explications, de l’ancienneté des faits. « Elle baignait dans un monde violent, avec la banalisation des armes, des violences, des produits stupéfiants, puisque c’est ça que le monde des stupéfiants génère. En 2024, elle n’est plus la même, elle veut construire quelque chose. »

2 ans de prison puis 2 ans sous main de justice
Le tribunal déclare la prévenue coupable, la condamne à la peine de 3 ans de prison dont 1 an est assorti d’un sursis probatoire de 2 ans, avec obligations de travailler et de suivre des soins en addictologie et psychologiques. Interdiction de tout contact avec la victime, ainsi que de porter une arme pendant 5 ans.

Pour les 24 mois ferme, le tribunal ordonne son maintien en détention. Elle va repartir à la prison pour femmes de Dijon.
FSA